Comme le bien, la Beauté ne fait pas de bruit. Elle est là, elle s’offre et doucement nous prend la main pour nous conduire au sommet ; il suffit de se laver le regard et le cœur, et alors survient l’éblouissement.
Mais quel visage donner à la Beauté ? Elle est tellement généreuse que chacun de nous peut la saisir à condition de se laisser saisir. Un tableau, une sculpture, une ligne musicale, une vague battant le rivage, une fleur au détour du chemin… Mais, plus encore, la présence de l’être aimé qui suffit à dilater le cœur.
Et pourtant nous savons qu’elle est fragile, qu’elle peut être blessée, même défigurée.
Dès lors, comment ne pas accepter d’être pris, comme Pierre, Jean et Jacques, pour vivre cette ascension avec Jésus, tout à la fois le soleil et la neige, c’est à dire la plus forte transparence qui soit.
Avec Jésus, pas de faux-fuyant possible. Tout est révélé dans la vérité de l’amour de celui qui proclame : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ».
Oui, il suffit de faire silence en nous pour l’écouter nous parler tout doucement de cet amour qui l’émerveille, le rend transparent. Mais pas question de s’installer. Il faut redescendre de la montagne où va se livrer le duel gigantesque entre la vie et la mort.
Il ne suffit pas pour autant de croire au Ressuscité. Il nous demande pour lui être fidèle, d’être acteur de résurrection, de redonner à chaque visage humain sa dignité et sa beauté. A quoi bon les mots, à quoi bon les sentiments, s’ils ne sont pas accordés à des actes qui, comme autant de petites lumières, transfigurent le monde. Jamais ne laissons place aux ténèbres de l’indifférence. Laissons-nous blesser par Celui qui nous demande de regarder au-delà de nous, de regarder à perte de vue.