Sonia Feertchak, essayiste et romancière, est connue pour ses œuvres telles que *L'Encyclo des filles* et *La vérité tue*, un essai consacré à Agatha Christie et à sa famille. Son dernier roman, *Ne vois-tu rien venir*, publié chez Flammarion, nous immerge dans la vie de Lise, une jeune fille hypersensible dont l'imagination débordante est mise à l'épreuve par une dynamique familiale troublante.
## Une ouverture saisissante
La première scène de ce roman est d'une intensité remarquable. Lise, encore enfant, est installée dans son rehausseur à l’arrière de la voiture de ses parents. Elle devient témoin des violences inouïes de son père qui s'en prend à une famille forcée d'abandonner un chiot. Ce dernier, loin de s'excuser, ramène le chiot, comme un trophée de son acte horrible, et l'offre à Lise. Cette rencontre, pour elle, est à la fois dérangeante et fascinante.
## Lise et Noun : un lien hors du commun
Avec l'arrivée de Noun, un chien majestueux qui semble tout droit sorti d'un conte de fées, la relation de Lise prend une tournure magique. Noun devient son confident intime et, à travers ses yeux, elle commence à consigner ses expériences et émotions dans un carnet, tout en observant la lente dégradation de son foyer. Sa mère, prise au piège de son mariage avec un homme manipulateur et séducteur, perd peu à peu pied. Lise décrit avec ses propres mots cette réalité troublante qui l’entoure et l’inquiète.
## Un parcours d'écriture révélateur
L'écriture de ce roman a été un long voyage pour Sonia Feertchak, entamé en 2015. Elle a eu comme déclic l’affaire Weinstein, réalisant que le parcours de Lise reflétait une évolution sociétale plus large concernant la perception des corps féminins. À travers ce personnage, Sonia explore les impacts de #MeToo et la manière dont notre société a changé, dévoilant les relations de pouvoir souvent toxiques qui existent entre les individus.
## Une tension palpable
*Ne vois-tu rien venir* n'est pas simplement une question ; le titre semble indiquer une certitude inquiétante. La lecture de ce roman, chargé d'une violence larvée, nous maintient en haleine, impossible à lâcher tant l'atmosphère est tendue et propice aux questionnements sur la nature humaine.
