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Migrants sahéliens expulsés du Ghana : un symptôme criant de la misère dans l’AES

2025-05-17 35 Dailymotion

Ils sont des milliers à marcher, silencieux, vers la frontière. Sans bruit, sans bagages, parfois sans chaussures.

Le Ghana a lancé ces dernières semaines une vaste opération d’expulsion visant les migrants en situation irrégulière, en majorité originaires des trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) : le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Ce mouvement massif soulève des interrogations aussi bien humanitaires que politiques, dans une région où l’instabilité ne cesse de croître.

Une expulsion sous tension

Selon un rapport d’Associated Press publié le 15 mai, ce sont plus de 10 000 personnes qui auraient été arrêtées puis renvoyées aux frontières en seulement quelques semaines (AP News, 2025). Parmi elles, des familles fuyant les violences djihadistes, des réfugiés climatiques ou encore des jeunes en quête d’un avenir meilleur.

Dans une déclaration officielle, les autorités ghanéennes ont justifié cette campagne par la nécessité de « protéger la sécurité nationale et d’assurer la régulation des mouvements migratoires ». Mais sur le terrain, les témoignages racontent une tout autre réalité. Selon le site The New Humanitarian, plusieurs demandeurs d’asile, notamment peuls, ont été expulsés sans examen de leur statut, violant les conventions internationales sur le droit d’asile.

Un miroir de l’extrême pauvreté sahélienne

Ce flot de migrants refoulés révèle surtout l’ampleur de la détresse dans les pays de l’AES. Confrontés à une spirale de crises – conflits armés, famines, effondrement des services publics – le Mali, le Burkina Faso et le Niger peinent à offrir une quelconque perspective à leurs populations.

Le retrait conjoint de ces trois pays de la CEDEAO en janvier 2025, sur fond de tensions avec l’Occident et d’un rapprochement avec la Russie, a fragilisé davantage leur économie déjà vacillante. Résultat : une flambée des prix, une monnaie instable et une dépendance accrue à l’aide humanitaire.

Une réponse régionale encore absente

Face à cette crise, les capitales de l’AES dénoncent une stigmatisation de leurs ressortissants et réclament un dialogue avec le Ghana. Mais sur le terrain, aucune coordination régionale n’est encore en place. Les expulsés, quant à eux, errent dans les zones frontalières, sans prise en charge, souvent rejetés par les leurs, considérés comme des échecs de retour.

Ce nouvel épisode met à nu les failles de l’intégration régionale ouest-africaine, tout comme l’urgence d’un plan global pour traiter les causes profondes de la migration. Car tant que la pauvreté, les conflits et le désespoir gangrèneront le Sahel, les routes migratoires – et les refoulements – ne feront que se multiplier.