Le Festival de Cannes 2025 a vibré, hier soir, au rythme des battements de cœur d’une salle Debussy conquise.
Présenté en compétition officielle, Sentimental Value, le nouveau long-métrage du réalisateur norvégien Joachim Trier, a littéralement électrisé la Croisette, récoltant une ovation record de 19 minutes, la plus longue de cette 78e édition, selon Outlook India.
Ce drame intimiste signe la troisième collaboration entre Trier et l’actrice Renate Reinsve, après les acclamés Oslo, 31 août et Julie (en 12 chapitres). Un duo artistique devenu incontournable du cinéma scandinave, et qui avait déjà été couronné sur la Croisette : en 2021, Reinsve remportait le Prix d’interprétation féminine pour Julie, remis par le jury présidé alors par Spike Lee.
Un film sur la mémoire, la filiation… et le cinéma
Dans Sentimental Value, Trier raconte la réunion tendue d’un père réalisateur vieillissant, Gustav Borg (interprété par Stellan Skarsgård), et de ses deux filles, Nora (Renate Reinsve) et Agnes (Inga Ibsdotter Lilleaas), à l’occasion de la vente de leur maison d’enfance. Gustav, en pleine préparation d’un nouveau film inspiré de la vie de sa propre mère, y voit un décor idéal. Ce retour aux racines réveille alors souvenirs, rancunes, et failles familiales.
Le film est une déclaration d’amour au pouvoir cathartique du cinéma. Il interroge la manière dont la fiction recompose la mémoire, jusqu’à brouiller la frontière entre réalité et récit. Trier, fidèle à ses obsessions narratives, livre un film délicat, mélancolique, d’une grande justesse émotionnelle. The Guardian parle d’« un récit profondément humain et finement orchestré ».
Renate Reinsve, vers une seconde consécration ?
Une fois encore, Renate Reinsve crève l’écran. Déchirée entre colère rentrée et tendresse refoulée, son personnage incarne à lui seul le poids des silences familiaux. Sa performance, saluée par la critique internationale, la place d’ores et déjà parmi les favorites pour un second Prix d’interprétation.
Si Sentimental Value ne décroche pas la Palme d’or, il pourrait bien s’imposer comme l’un des films les plus marquants de la décennie. En attendant, le rideau ne tombera que le samedi 24 mai au soir, lors de la révélation du palmarès.
Mais une chose est sûre : Joachim Trier et Renate Reinsve ont, une fois encore, marqué Cannes de leur empreinte.
