Faut-il instaurer des wagons réservés aux femmes dans les transports franciliens où est-ce un aveu d'échec face à l'impossibilité d'assurer la sécurité des femmes ? En quelques jours, une pétition a déjà recueilli des dizaines de milliers de signatures. Ses auteurs dénoncent un climat d’insécurité devenu insupportable dans le métro, le RER et les trains de banlieue, où les agressions sexistes et sexuelles se multiplient.
Les signataires évoquent des situations de plus en plus fréquentes : des attouchements discrets dans les rames bondées, des regards insistants, des hommes se frottant contre des passagères, ou encore des insultes lorsqu’une femme ose protester.
Dans certaines lignes très fréquentées comme le RER A ou la ligne 13 du métro, ces comportements sont quasi quotidiens selon les témoignages publiés sur les réseaux sociaux.
Une usagère raconte ainsi avoir été suivie par un homme à la sortie d’un train à Châtelet, avant d’être secourue par d’autres voyageurs. Une autre dit avoir dû changer de rame à Gare du Nord après des gestes déplacés répétés.
Ces témoignages, de plus en plus nombreux, ont poussé les initiateurs de la pétition à réclamer une mesure concrète : des wagons réservés aux femmes et aux enfants, notamment aux heures de pointe. Les défenseurs de cette idée rappellent qu’une telle mesure existe déjà dans plusieurs pays : au Japon, les “Women Only Cars” sont en place depuis 2000, et ont fait chuter les plaintes pour harcèlement.
En Inde, au Mexique ou encore en Égypte, les transports réservés aux femmes sont également devenus une réalité quotidienne pour limiter les agressions. En France, le sujet n’est pas nouveau.
En 2017 déjà, un rapport parlementaire avait évoqué cette possibilité, sans suite concrète. À l’époque, la RATP avait jugé le dispositif « difficile à mettre en œuvre » sur un réseau aussi dense que celui d’Île-de-France. Mais la multiplication récente des signalements semble relancer le débat.
Les opposants à cette idée dénoncent toutefois une forme de repli : selon eux, créer des wagons séparés reviendrait à admettre que l’espace public n’est plus sûr pour les femmes. Ils plaident plutôt pour des renforts policiers dans les rames et les stations, une meilleure vidéosurveillance, et surtout des sanctions plus rapides contre les agresseurs.
Le gouvernement, de son côté, se montre prudent. Le ministère des Transports assure « suivre la pétition avec attention » mais rappelle que la priorité reste de « sécuriser l’ensemble des usagers ». En attendant, de nombreuses femmes affirment qu’elles n’ont plus confiance dans les transports publics.
Certaines disent déjà monter systématiquement dans les wagons où se trouvent d’autres femmes, ou attendre le prochain train pour éviter les situations à risque. Ce débat, relancé par la pétition, met en lumière un sentiment d’insécurité croissant dans les transports franciliens, devenu un véritable enjeu de société.